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La peur, la gestion de soi et ses limites

PEUR : « Phénomène psychologique à caractère affectif marqué, qui accompagne la prise de conscience d’un danger réel ou imaginé, d’une menace. »


Le parkour, à cause de ses mouvements aériens peut provoquer chez les non-pratiquants un sentiment d’insécurité. Parfois classifié comme sport extrême, le parkour ne semble pourtant pas plus dangereux qu’un autre sport s’il est pratiqué en suivant certaines règles de base.


Avant chaque saut considéré comme « dangereux », il faut écouter son corps, il faut sentir les sensations provoquées par la préparation avant de l’action. La sensation de peur est parfois confondue avec d’autres sensations comme l’anxiété, l’angoisse ou la phobie. Écouter son corps avant d’exécuter un mouvement peut nous servir à nous poser une question essentielle: suis-je préparé physiquement à faire ce saut ?


Selon le Dr Joe Massimo, auteur du livre « Gymnastics Psychology » , il y a trois manières pour diminuer la peur.


La préparation physique est le premier des trois procédés pour amoindrir la peur. De même, pour le fondateur du parkour David Belle, auteur du livre « Parkour » , la première chose à faire pour le traceur, c’est également de renforcer son corps pour que celui-ci puisse amortir les chocs de manière naturelle grâce à sa musculature. Un individu de corpulence mince qui tombe et qui essaie de se protéger d’un choc n’aura pas le même amorti qu’un individu plus musclé.


La deuxième clé pour arriver à dissiper la peur, c’est l’entrainement. Selon le Dr Joe Massimo, il faut faire un entrainement par modules où la complexité des mouvements va crescendo. Pour David Belle, la clé est aussi de répéter le geste jusqu’à sa maitrise pour ensuite complexifier la situation dans laquelle on va effectuer le mouvement. Par exemple, s’entrainer pour marcher en équilibre sur une poutre ou une bomme jusqu’à la maitrise du geste est nécessaire pour pouvoir effectuer la même action mais à 30 ou 40 mètres du sol.



La troisième manière de travailler pour diminuer la peur, pour le Dr Joe Massimo, c’est l’assistance physique (la parade). Une des valeurs qu’on trouve assez souvent chez les pratiquants de parkour, c’est l’entraide. Pour effectuer un saut qui demande un peu plus de réflexion, le pratiquant peut demander d’être aidé ou demande à quelqu’un de se placer comme assureur « au cas où ». Vu que le parkour n’est pas un sport de compétition (à la base), l’entraide est très bien vue et elle n’est pas perçue comme une faiblesse, au contraire : parfois on a besoin des autres pour évoluer soi-même. C’est ici que l’entraineur prend tout son sens, il devra connaitre toutes les parades possibles et anticiper les chutes ou proposer même des rechapes à tous les types de sauts appris. C’est un travail de théorique technique approfondi nécessaire pour la diminution des risques et blessures.

Le fait de pouvoir se poser la question pour savoir si on est physiquement prêts, d’évoluer en douceur vers un objectif et de demander de l’aide, montre que l’athlète devra apprendre à se gérer dans des situations complexes qui, pour d’autres personnes, seraient terrifiantes. C’est cela la différence entre un athlète entrainé et un pratiquant de loisir, la capacité de se gérer et recréer des actions complexes dans un cadre où la plupart des gens seraient sous-pression.


Anne Bacus a rédigé un livre qui s’appelle « Même pas peur » où elle parle des moyens pour donner de la confiance en eux aux enfants. Selon l’auteur, quand on est adulte, on peut partager le bonheur mais on partage aussi beaucoup de peurs. En parkour, quand les passants regardent les pratiquants s’entrainer et qu’ils font des commentaires ou posent des questions par rapport à la peur, ce qu’ils partagent, c’est de la peur. Le passant semble éprouver des difficultés à comprendre la relation que le pratiquant peut avoir avec ses limites et avec sa peur.


Le vécu de chaque personne définit la manière de confronter les situations. Anne Bacus le confirme « Les enfants s’imprègnent de l’ambiance générale de la société dans laquelle ils vivent.... L’enfant qui a confiance dans ses possibilités et qui jouit d’une bonne estime de lui-même sait s’adapter efficacement à des situations nouvelles. »

Dans un extrait d’un article du Dr. Joe Massimo, il y a un passage intéressant à propos de la relation entre un enfant gymnaste et ses parents : « Un enfant à qui on a continuellement rappelé le danger implicite de certaines activités (fais attention quand tu fais de la gym, tu pourrais te faire mal) a de bonnes chances d'avoir acquis une hypersensibilité aux signes d'un danger potentiel, surtout si celui-ci se rapporte à une activité physique. »


Si la société continue à sensibiliser les enfants à la peur, dans quelques années, on aura une génération qui ne voudra plus prendre aucun risque et qui ne prendra jamais de chemins difficiles pour accomplir ses objectifs. Par contre, si on a une génération qui pratique le parkour, ces pratiquants pourraient transmettre autre chose à leurs enfants, par exemple du courage, de la confiance en soi et de l’audace. L’entraineur devra inspirer confiance par son expérience et/ou par sa formation.


Auteur: FGDV


Sources:

REY-DEBOVE J., REY A., Le nouveau Petit Robert, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 2002, p.1924.

MASSIMO J., MASSIMO S., Gymnastics psychology, Morgan James Publishing, 2009.

BELLE D., Parkour, Paris, Intervista, 2010.

BACUS A., Même pas peur, Marabout, 2005.

BACUS A., Même pas peur, Marabout, 2005. p.10

MASSIMO J. Traduction A& M.Ganzin d'après Are you a big chicken? , International Gymnast (USA), Mars, 1993, pp. 56-57.

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